La politique et les animaux en France ? Y’a du boulot.

 

Le 28 janvier 2015, les députés du parlement français votaient pour que les animaux ne soient plus désignés comme des meubles, mais comme des “êtres vivants doués de sensibilité” dans le Code civil. Il s’agissait d’une petite avancée au regard de toutes les atrocités encore pratiquées malgré cette reconnaissance de leur sensibilité, mais d’une belle avancée tout de même. On partait de très loin ! La texte de loi final publié en février 2015 n’est cependant pas si gai puisqu’il précise dans un second temps : « Art. 515-14. – Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens. » Bref réjouissons-nous tout de même car ce qui compte c’est de faire bouger (un peu) les mentalités. Il y a encore du boulot mais ce genre de décision met le sujet animal sur le devant de la scène.

En février 2018 l’IFOP a mené un sondage pour la Fondation 30 Millions d’Amis sur le thème “Les Français et le bien-être animal”. On y apprend que 67% des français estiment que les animaux sont mal défendus par les politiques. On y lit également que 74% des français sont favorables à l’interdiction des corridas, ou encore que 81% sont favorables à l’interdiction de la chasse le dimanche.

En mai 2018, dans le cadre de discussions sur le projet de loi EGalim (agriculture et alimentation), on constate que la question animale occupe une place non négligeable dans les débats. On peut souligner ici le formidable travail des associations de protection animale, et de toutes les personnes qui donnent la parole aux animaux en les défendant via les réseaux sociaux, ou en profitant de leur notoriété. C’est déjà génial d’en parler, mais encore faut-il prendre les bonnes décisions. Ce n’est malheureusement pas le cas puisque : la vidéosurveillance dans les abattoirs n’est PAS rendu obligatoire (seulement expérimentale pour les établissements volontaires… On est censé se marrer là ?), la castration à vif des porcelets n’est PAS interdite, le broyage des poussins mâles et des cannetons femelles n’est PAS interdit, l’abattage sans étourdissement des poules et lapins en cage n’est PAS interdit, les fermes usines ne sont PAS interdites… Et la liste ne s’arrête pas là.

Par souci d’honnêteté, nous pouvons quand même citer quelques petites améliorations : il est désormais interdit d’installer de nouveaux établissements de poules pondeuses en cage (par contre on peut toujours en vendre !), les sanctions contre les maltraitances animales ont été renforcées et un délit qui réprime les mauvais traitements dans les abattoirs et pendant le transport a été créé.

En parallèle de ces débats graves, importants et même primordiaux, il a été annoncé qu’il ne sera désormais plus légal d’employer les termes de “escalope de soja”, “steak de lentilles”, “nuggets de blé” ou autre “saucisse végétale” pour désigner des produits composés de végétaux. Nos politiques ont choisi de perdre leur temps à débattre et réfléchir sur ce sujet.

Nous prennent-ils vraiment pour des imbéciles (ou des jambons pour rester à propos) ? D’un point de vue tout à fait personnel, j’ai parfois du mal à comprendre comment ce genre de décision peut être décemment décrétée, d’autant plus en ayant le culot d’avancer l’argument de “ne pas induire en erreur les consommateurs”. Quand on connaît les tonnes de mensonges qu’on nous balance en toute impunité (deux exemples parmi tant d’autres : une vinaigrette à la tomate séchée qui contient…. 1% de tomates séchées, ou une entreprise dite “familiale” qui représente en fait un groupe de milliers de personnes), je me dis parfois qu’on vit vraiment dans un monde de cons.

Petit florilège des dénominations qui devraient alors elles aussi, en toute logique et impartialité disparaître : crème de marron, lait de coco, caviar d’aubergines, fromage de tête, crème solaire, beurre de cacahuètes…

Le chemin est donc encore long pour que nos politiques se soucient réellement du bien-être animal, et prennent position dans ce sens. On ne peut que regretter (et parfois avoir envie de hurleeeeer) de constater que l’influence des lobbies agroalimentaire est toujours aussi forte. N’est-on pourtant pas dans ce beau pays des libertés et des revendications, ou les opinions populaires devraient guider les politiques plus que les considérations financières ? Au-delà de ces décisions qui me semblent bien tristes (et complètement stupides pour être tout à fait honnête), je vois tout de même une lueur d’espoir. Les industriels de la bouffe française flippent ! Ils se rendent compte du raz de marée végétal qui est sur le point de les engloutir. La France n’est pas en avance sur cette révolution végétale, mais elle progresse pas à pas. Et paradoxalement c’est ce genre de décision politique qui le prouve. Tremblez lobbies, vous ne vaincrez pas !

Pour aller plus loin sur ce sujet, nous vous conseillons de consulter le site édité par L214 qui recense les prises de parole, de position ou les votes des politiques : https://www.politique-animaux.fr/

Carole.

PS : A l’heure où je boucle cet article, encore une décision politique puante : Mr Macron vient d’annoncer une réduction du prix de moitié du permis de chasse, mais aussi des assouplissements de quotas de chasse ou de nouvelles espèces d’oiseaux ouvertes à la chasse. Vomitif.

PS 2 : Nous ne revendiquons aucune appartenance à un mouvement politique. Nous notre came c’est juste la protection animale 🙂

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